Qu’est ce que la maladie de Dupuytren ?
La Maladie de Dupuytren est une affection de la main qui touche environ 5% de la population nord-européenne.
Liée à un terrain génétique, elle atteint plus volontiers les hommes (80%), avec un âge de début moyen qui se situe autour de 50 ans. Elle est également plus fréquente en cas de diabète, de consommation régulière d’alcool ou de tabac.
Cette maladie se caractérise par une flexion progressive des doigts dans la paume avec une rétraction préférentielle des quatrièmes et cinquièmes doigts (l’annulaire et l’auriculaire)
Cette déformation est due à la formation de cordes aponévrotiques dures que l’on palpe sous la peau de la paume et qui, en se rétractant, finissent par causer une flexion irréductible des doigts et générer un handicap.
Considérée, depuis sa description par le baron Dupuytren en 1831, comme une maladie chirurgicale, son traitement a été bouleversé, il y a 35 ans, par l’émergence d’une nouvelle technique : l’aponévrotomie percutanée à l’aiguille, traitement non chirurgical ambulatoire, rapide, performant et peu onéreux qui peut aisément être réalisé en consultation externe ou en hôpital de jour par un praticien expérimenté.
L’aponévrotomie percutanée à l’aiguille a en effet été proposée à la fin des années 70 par les rhumatologues de l’Hôpital Lariboisière à Paris sousl’impulsion du Dr Jean-Luc Lermusiaux.
Aujourd’hui, elle est pratiquée à l’Unité Rhumatologique des Affections de la Main (URAM) du Centre Viggo Petersen, service de rhumatologie de l’hôpital Lariboisière, où plus de 2000 mains sont traitées tous les ans depuis 20 ans par une équipe très entrainée à la procédure.
Renseignements : Consultation de Rhumatologie des Affections de la Main
Tel : 01 49 95 63 10
Les médecins du Centre s’accordent à dire que cette technique devrait être aujourd’hui le traitement de première intention de la maladie de Dupuytren
En quoi consiste l’aponévrotomie percutanée à l’aiguille ?
L’aponévrotomie percutanée à l’aiguille est un traitement que l’on pratique en ambulatoire sous anesthésie locale, au cabinet du praticien (et non au bloc opératoire, sous garrot et anesthésie loco-régionale)
Elle consiste à réaliser, à l’aide du biseau d’une petite aiguille, la section des cordes aponévrotiques qui causent la flexion du doigt. Il n’y a pas d’incision de la peau. On se sert de l’aiguille avec laquelle on pratique l’anesthésie locale initiale. La section est obtenue par des mouvements de va et vient de l’aiguille, dont le tranchant coupe et perfore progressivement la corde. La rupture de cette corde est ensuite complétée si nécessaire par une extension énergique et indolore du doigt.
Un pansement sec, tenu en place par une bande adhésive élastique, est gardé trois jours pendant lesquels le patient doit éviter de le salir ou de le mouiller. Dès la fin de la séance, qui dure une quinzaine de minutes, le patient peut se servir de sa main pour les actes de la vie courante, mais ne doit pas faire d’efforts intenses pendant une dizaine de jours. Ce traitement ne nécessite ni rééducation, ni soins infirmiers. Les arrêts de travail sont rares. Dans certains cas on peut proposer la confection et le port d’une petite attelle la nuit pendant 1 à 3 mois.
La très grande majorité des patients sont traités en une à trois séances.
Les formes les plus évoluées,dites complexes car touchant la paume et plusieurs doigts, peuvent être traitées en un temps au cours d’une séance plus longue – 45 à 60 minutes – en hôpital de jour. Ce protocole est proposé sous le terme de multi-aponévrotomies à l’aiguille. Cette méthode a donc les avantages du traitement à l’aiguille en une seule séance pour des formes évoluées de la maladie de Dupuytren. Cette pratique a montré son efficacité. Elle est bien tolérée et n’augmente pas le risque de complication.
Le traitement doit être proposé au début de l’évolution de la maladie dès que le patient ne peut plus mettre la main à plat sur une table.
Quels sont les résultats de l’aponévrotomie à l’aiguille ?
L’étude d’un nombre important de patients traités a permis de montrer que l’aponévrotomie percutanée à l’aiguille est très efficace à court et moyen termes et sans danger lorsqu’elle est pratiquée par des médecins entrainés à cette technique. Des récidives sont possibles, mais ne semblent pas plus fréquentes qu’après traitement chirurgical, même si elles sont généralement un peu plus précoces. Cet inconvénient est compensé par la possibilité de refaire une séance d’aponévrotomie percutanée à l’aiguille dès qu’une récidive devient gênante.
Le traitement des récidives après chirurgie est en revanche plus difficile.
Quels sont ses risques ?
Lorsque l’aponévrotomie percutanée à l’aiguille est réalisée par un praticien entraîné, les incidents sont rares et le plus souvent bénins : récidives précoces, fissures ou déchirures cutanées, perte de sensibilité transitoire, et plus rarement encore douleur traînante, infection superficielle bénigne, malaises vagaux, réactions inflammatoires et hématome.
La maladie de Dupuytren peut donc être traitée efficacement par la technique à l’aiguille, ce qui donne un grand espoir à de nombreux patients handicapés par leurs doigts rétractés et gênés dans leur vie quotidienne. Cette technique doit être envisagée dès le début de la déformation en flexion des doigts